Combien d’inexactitudes et combien de légendes invraisemblables ont été répandues sur Shihan-Gi. Probablement par quelques vagues passants n’ayant pas prêté une grande attention à ce qui leur était présenté, dans une langue et un contexte qui leur étaient malheureusement étrangers, et privés du temps minimum d’une digestion rendue impossible par un trop bref séjour. Séjour n’allant pas au delà de quelques jours, et dont la majeure partie s’est passée en visites touristiques ou en journées geule de bois.
Un tel dépaysement culturel fut pour la majeure partie de ceux-là totalement indigeste et source de bien des incompréhensions. Ainsi l’enseignement de Shihan-Gi avec Shodaï Soke Okuyama Ryuho est resté lettre morte pour l’immense majorité de ces « gaijin » définitivement perdus dans un pays dont ils ne pouvaient comprendre, ni la langue, ni les coutumes, ni les subtilités, et qui se réfugièrent dans l’élaboration d’une mirifique épopée dont ils se devaient d’être les héros, n’osant avouer leur évident désarroi devant l’extra-ordinaire nouveauté d’une expérience sans pareil.
Car Shihan-Gi en a choqué plus d’un, y compris des japonais. Certains en sont restés psychologiquement handicapés à vie et ont souvent fait perdre la tête et la raison à ceux qui ont prêté crédit à leurs délires souvent mystico-mégalomaniaques.
L’immense majorité des occidentaux n’y a pas survécu, car personne n’avait prévu de devoir tout reprendre à zéro. Il fallait donc se forger d’urgence un mythe pour masquer sa propre panique.
On peut le dire, rien n’y est comparable à ce que les occidentaux connaissent… ou peuvent imaginer!
La question se pose d’ailleurs: « shihan-gi » est-il fait pour les occidentaux?
Une préparation serait à l’évidence que trop indispensable, mais n’a jamais été prévue par les japonais car ils ne connaissaient pas eux-mêmes les spécificités mentales occidentales.
Mais tout d’abord, rappelons que Shihan-Gi est un enseignement dit confidentiel (et non “secret”) qui accompagne et constitue le point d’orgue de l’accession au 5è dan.
Il ne devient secret que dès lors qu’il reste hermétique à ceux qui n’y sont pas préparés physiquement et psychologiquement. Quand encore on laisse de côté la barrière de la langue, ce qui, tout de même n’est pas négligeable dans certains cas ou certains points de détails. Notamment quand on sait que, même pour des japonais entre eux, les contre-sens sont monnaie courante dans leurs échanges. Les étrangers fréquentant les japonais et le Japon, pour leurs affaires ou parce qu’ils y ont des relations le savent aussi et s’en plaignent en permanence. Il faut des années avant de pénétrer le mode de communication des japonais.
Dès lors que penser de ceux qui ont tout appris (et davantage!) en huit ou quinze jours?
De retour chez eux, ils se trouvent dans cette curieuse obligation de broder, inventer, « délirer » dirait-on aujourd’hui. Et comme il y a peu de contradicteurs, les « fidèles » gobent tout et n’importe quoi.
Il va falloir des décennies, pas moins, pour décanter le fatras invraisemblable qui a été vendu aux occidentaux naïfs concernant shihan-gi. Et cela à cause de quelques illuminés mythomanes qui se sont retrouvés au Pays du Soleil Levant comme Alice au Pays des Merveilles.
Shihan-gi est un enseignement fait par des personnes équilibrées pour des personnes équilibrées. Il s’agit de l’enseignement de techniques subtiles qui n’ont rien à voir avec les prouesses de quelque meneur de revue ou saltimbanque, ni d’exercices de cirque ou hypnotiseur de foules. Strictement rien à voir. Il fallait le dire. Voilà qui est fait.
Ceux qui cherchent le sensationnel feraient mieux d’aller voir ailleurs.
Ceux qui sont intéressés par ce qui est au delà de ce qu’ils peuvent comprendre seuls sont des candidats potentiels à l’enseignement de Shihan-gi. C’est un enseignement pour aller « au-delà » … pas dans « l’au-delà ».